Un conte à vous raconter...

Une fois n'est pas coutume, je tenais à vous faire partager un conte qui nous a été lu lors de la messe de noël à Issy les Moulineaux l'année dernière.

Avec mon mari, nous nous occupons de l'aumônerie des cinquièmes sur notre doyenné et nous avons choisi ce texte pour notre rencontre de samedi prochain.

N'hésitez pas à me donner vos impressions !

Conte : les 3 arbres

(« Voyage au long coeur » de J Humenry)

Il était une fois, sur une montagne, trois petits arbres qui discutaient de ce qu'ils feraient quand ils seraient grands.

Le premier petit arbre disait : « Moi, quand je serai grand, je voudrais qu'on me transforme en coffre à trésor et qu'on me remplisse d'or et de pierres précieuses pour que tout le monde admire ma beauté. »

Le deuxième petit arbre disait : « Moi, quand je serai grand, je voudrais qu'on me transforme en un grand bateau, commandé par un vaillant capitaine, pour traverser tous les océans du monde. Je voudrais transporter des rois et des reines et que tout le monde, protégé par ma coque puissante, se sente en sécurité grâce à moi. »

Le troisième petit arbre disait : « Moi, quand je serai grand, je voudrais devenir le plus grand arbre de la forêt. Devenir tellement grand que chaque fois que l'on me regarde, on pense à Dieu. Ainsi je serais l'arbre le plus célèbre du monde et tout le monde se souviendrait de moi. »

Le temps s'écoula sur la montagne. Les trois petits arbres avaient grandi et avaient le tronc vigoureux et de belles et longues branches.

Un jour, des bûcherons arrivèrent à la forêt. S'approchant du premier arbre, ils dirent : « Celui-là paraît bon, nous pourrons le vendre au menuisier », et ils l'abattirent.

L'arbre était content parce qu'il pensait que le menuisier ferait de lui un coffre à bijoux.

S'approchant du deuxième arbre, ils dirent : « Celui-là paraît bon, nous pourrons le vendre au chantier naval pour en faire un bateau », et ils l'abattirent.

L'arbre était content car il pensait qu'il serait transformé en un grand et puissant navire.

Quand les bûcherons arrivèrent au troisième arbre, ils dirent : « On ne peut rien faire de spécial avec cet arbre, mais coupons-le quand même ». Et ils le coupèrent aussi.

On déposa le premier arbre chez le menuisier qui en fit une mangeoire pour les animaux. On le plaça dans une étable et on le remplit de foin. Mais ce n'était pas du tout le rêve de l'arbre...

Le second fut transformé en une petite barque pour la pêche. Son rêve de transporter des rois puissants à son bord était fini...

Le troisième arbre fut coupé en deux grosses poutres et on le laissa seul dans le noir.

Les années passèrent et les arbres oublièrent leurs rêves...

Le premier arbre, devenu mangeoire, ne sentait même plus la caresse des animaux tirant sur le foin. Mais un soir d'hiver, la lumière d'une étoile se posa sur lui. Un homme et une femme vinrent s'abriter dans l'étable. Pendant la nuit, la femme mit au monde un bébé. Comme il n'y avait pas de berceau pour le bébé, l'homme le coucha dans la mangeoire.

Alors le premier arbre comprit que son rêve se réalisait ; il portait en lui le plus grand trésor du monde : l'enfant Jésus, le Sauveur des hommes, le Fils de Dieu.

Bien des étés et des hivers passèrent sur les rives du lac où le deuxième arbre, qui était devenu une petite barque de pêcheur, pourrissait lentement dans l'odeur de poisson. Or, un soir d'été, un groupe d'hommes voulut traverser le lac : ils prirent la barque faite avec le deuxième arbre et naviguèrent sur l'eau. L'un d'entre eux, fatigué, s'était endormi. Soudain, au milieu du lac, une tempête se leva, une tempête violente et effrayante, comme on n'en avait jamais vu. L'arbre s'inquiétait en pensant qu'il n'était pas assez fort pour garder les hommes en sécurité. Alors les hommes réveillèrent celui qui s'était endormi. Il se leva dans la barque, étendit le bras au-dessus de l'eau déchaînée et ordonna : « Calme-toi ! » et le vent s'arrêta, l'eau se calma, la tempête cessa.

Alors le deuxième arbre comprit que son rêve se réalisait : il portait à son bord celui qui commande à la mer et au vent, celui qui est vainqueur des forces du mal et de la mort, il portait en son bord le Roi des Rois.

Peu de temps après, dans la ville, on entendait des cris, des bottes de soldats, ça sentait la violence, la vengeance, l'injustice et des hommes vinrent tirer de son hangar le troisième arbre coupé en deux poutres. Ils mirent les poutres en croix et l'arbre, devenu une croix, fut porté par un homme à travers les rues de la ville. Les gens se moquaient de cet homme qui portait la croix. Quand ils s'arrêtèrent, l'homme fut cloué sur la croix et on le laissa mourir sur le haut de la colline.

Alors le troisième arbre sut que son rêve se réalisait : désormais, chaque fois qu'on le regarderait, chaque fois qu'on verrait la croix, on penserait à Dieu car c'était le fils de Dieu, lui-même, qu'il avait porté.

Chacun des arbres avait donc eu exactement ce qu'il voulait mais pas du tout comme il l'avait imaginé.

La morale de ce conte, c'est que parfois, rien ne se passe comme nous l'avions prévu. Mais sachons que Dieu a un plan pour nous : un plan d'amour pour chacun de nous.

Nous ne savons pas d'avance ce qu'il nous réserve, mais si nous plaçons notre confiance en lui, Dieu nous fait un cadeau immense : comme les trois arbres, nous portons Dieu en nous, Dieu a fait sa demeure en nous.